Ce n'est que rarement un problème pour la plupart des consommateurs qui, séduits pas les blandices marketing des supermarchés, ont depuis longtemps troqué leur tour tout acier et leur écran CRT, livré à l'époque avec Windows XP, contre un joli *Phone noir obsidienne pour les garçon, rose HelloKitty® pour les filles. Et tout le monde se moque du système qui l'anime, pourvu qu'il y ait un *Store. Enfin, ce n'est pas vrai pour les vieux, qui achetaient des DVD de jeux dans les années 1990. Ceux-là garderont une machine virtuelle XP quelque part.
Chez les professionnels, Les évolutions sont encore plus lentes, à cause de l'adhérence des programmes, qui subsiste malgré la (re)centralisation des applications. A-t-on jamais vu une machine totalement détachée des logiciels avec lesquels elle interagit ? Et puis, il y a le matériel. J'ai eu l'exemple d'un scanner à négatif haut de gamme et hors de prix, inutilisable sans un pilote XP.
J'ai été surpris d'apprendre que de nombreux dispositifs informatiques qui ne sont pas des PC, sont équipés de Windows XP. C'est le cas de distributeurs bancaires, comme une récente affaire de piratage l'a rappelé. C'est aussi le cas de contrôleurs d'équipements industriels, dont on ne change pas le code comme on repasse une couche de peinture. Et certains de ces appareils sont reliés à internet. La question a été soulevée lors du panorama de la cybercriminalité du Clusif, en janvier.
IT is legacy
Contrairement à une idée courante, l'informatique n'est pas une course sans répit à la nouveauté. C'est au contraire, « l'art d'empiler les technologies au fil du temps » comme me confiait un DSI. Les bus applicatifs, les proxies inverses, la virtualisation, l'urbanisation des SI, toutes ces techniques, ces méthodes, servent à accommoder l'héritage.Garder ce qui fonctionne, c'est un principe économique. C'est aussi une nécessité devant la raréfaction des matières premières et de l'énergie. La construction d'un ordinateur neuf en mobilise de belles quantités, tandis que la prolongation de la vie du matériel épargne beaucoup de ces ressources non renouvelables et en voie d'épuisement.
Ne pas jeter !
Un matériel informatique devrait pouvoir durer plus de six ans, comme le recommande le groupe EcoInfo du CNRS. À mon avis, on peut aller un peu plus loin pour les machines professionnelles. Même celles conçues vers 2005 sont encore capables de rendre de grands services, d'autant que le besoin de puissance de traitement pour les tâches courantes stagne depuis lors. Pour les portables, tout ce qui a un Core 2 Duo@1,5 Ghz est parfait pour le web, si on oublie les vidéos 1080. On en trouve d'occasion à 150 €. Les stations de travail de l'époque sont parfois des aubaines. Sur le Macintosh G5 bi-processeurs, la bande passante du chipset est supérieure à 20 Go/s, ce qui n'est pas éloigné des bons PC actuels. Avec cinq ports PCI Express (dont un 16x) et deux Gigabits Ethernet, il fait un serveur tout à fait crédible pour un groupe de travail.
Quelle rénovation ?
Suivant l'usage prévu, on peut ajouter de la mémoire. Le remplacement des disques, qui après cinq ans pourraient manquer de fiabilité, ne sera sans doute pas en option. Les SSD sont particulièrement intéressants pour les portables. Pour le logiciel, il n'est pas toujours possible d'effectuer la mise à jour vers la version actuelle du système, à cause des exigences en ressources de celui-ci ou de ses incompatibilités avec l'ancien matériel. Un système Linux ou BSD quelconque est souvent le seul choix possible. Mais c'est aussi le meilleur si on considère leur aptitude à être utilisés dans une grande variété de situations.Linux au travail
Récemment, j'ai affecté un Mac G5 dans le rôle de serveur de fichiers et de sauvegardes, pour une association dont l'informatique est en partie de ma responsabilité. La conception de cette machine est à pleurer de joie et on la dirait faite pour marcher pendant cinquante ans encore. Elle servait de station de PAO, mais son système, qui n'est plus mis à jour par Apple depuis longtemps, est devenu presque inutilisable. Après un essai avec NetBSD, qui posait quelques problèmes, le G5 a hérité d'une Debian 7, dans sa déclinaison pour Power Macintosh. Netatalk, un logiciel serveur de fichiers (Apple Filling Protocol), a pu interconnecter les (très) vieux Mac, dont il fallait extraire des données archivées, et les Mac Intel, qui ont traduit ces fichiers dans un format moderne.Il restait à créer un partage Windows en réseau, pour que les Mac puissent échanger des données avec le système d'information géographique sous Windows 7 et offrir à ce dernier un espace de sauvegarde. Là, on a confié le travail à Samba 3, qui donne au Mac G5 tous les attributs d'un serveur Windows. Une mise à jour du réseau vers le Gigabit Ethernet ne sera pas du luxe, considérant le volume des données à échanger, plusieurs dizaines de gigaoctets à chaque fois.
Cet exemple illustre comment du matériel ancien peut continuer à servir, alors même que les éditeurs de systèmes fermés s'en désintéressent.
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