Depuis la sortie de la version 3 de GNOME, le débat sur la direction prise par ce projet d'interface graphique propre à divers systèmes libres, dont Linux, continue de faire rage. Les leaders du projet poussent dans le sens d'une simplification allant jusqu'au dépouillement et laissent à leurs détracteurs l'impression qu'il ne doit subsister qu'une seule manière d'accomplir une tâche donnée. C'est le principe informaticien d'orthogonalité, très prisé lorsqu'il est appliqué aux jeux d'instructions de processeurs, idéal rarement atteint.
Les raisons du comité de direction de GNOME sont parfaitement louables. L'interface doit être adaptée aux populaires terminaux mobiles, pilotés au doigt et dont les écrans sont de petite taille. Cette voie vers l'essentiel rejoint des aspirations plus anciennes du projet, toucher un public plus large que les hackers et les libristes convaincus, aller sur le bureau - les tablettes - des cols blancs et pourquoi pas du grand public.
Sur GNOME 3, ça se traduit entre autres par la disparition du bureau et de ses icônes en vrac, un menu d'accès aux applications qui occupe toute la surface de l'écran (Voir l'interface Modern UI sur Windows 8). Cet environnement quasi cistercien, le Gnome-shell, hérisse les amateurs du baroque GNOME 2 qui, avec ses options, panneaux et menus en tous sens, est pour le coup une antithèse du principe d'orthogonalité. Mais je leur donnerais raison sur un point : la bascule entre applications sur GNOME 3 est disons perfectible.
Pour lancer une application ou basculer vers un programme en cours, on passe en un clic (ou un doigt) par le mode Activités. Les fenêtres ouvertes sont exposées au centre de l'écran, un dock (appelé Dash) rassemble les icônes des programmes favoris et en cours d'exécution à gauche, les bureaux virtuels sont à droite. Ensuite, on clique sur le programme désiré. La bascule entre programmes comprend donc deux étapes :
1) Bascule vers le mode Activités
2) Choix de l'appli à lancer/amener à l'avant-plan à l'aide du dock ou des fenêtres mises à plat.
Sur un petit écran, c'est une bonne solution. Mais sur un poste de travail, c'est une opération de trop. Sur Mac OS ou Windows 7, le dock permet de lancer/basculer les applications courantes d'un clic sans quitter au préalable la fenêtre active. Pour retrouver ce comportement logique et familier, il suffirait que le dock de GNOME 3 soit visible en permanence et peut-être aussi puisse être adapté à la taille de l'écran. Sortir le Dash du mode Activité où il est enterré.
Et bien, c'est possible grâce à une extension officielle, Dash-to-Dock. Dash a les mêmes fonctions que ses homologues sur Mac ou Windows, un lanceur doublé d'une barre de tâches. Sa disposition verticale tire mieux parti des écrans de PC au format large qui sont devenus majoritaires. Avec Gnome-shell-extension-pref, on règle la taille, le comportement et l'apparence de Dash.
Le mécanisme d'extensions du bureau est un trait unique de l'environnement GNOME. Il permettra sans doute de l'adapter aux exigences les plus diverses.