Le PC n'est plus à la mode. L'intérêt du public s'est déplacé vers les appareils légers - ordiphones, tablettes - mieux adaptés à la vie sur les réseaux sociaux et à la consommation de biens numériques. Le poste de travail reste pourtant irremplaçable. Son utilisation est plus confortable grâce à un écran et un clavier plus grands, il est extensible par ses divers connecteurs (SATA, USB, IEEE 1394, etc.), son système est assez souple pour s'adapter à des tâches très diverses. La contrepartie de cette universalité est la relative difficulté d'apprentissage. Un PC, même récent, laisse l'utilisateur en charge de nombreux aspects techniques, tandis que la tablette est une sorte de télécommande perfectionnée. Il ne s'agit pas de plaider ici en faveur du PC ou de la tablette mais de poser la question:
A-t-on besoin d'un processeur très puissant sur un poste de travail ?
Et plus précisément: A-t-on besoin de quelque chose de plus puissant qu'un Atom ?
On pourrait facilement faire dire Oui au bon sens. Une bonne réserve de puissance n'est-elle pas nécessaire si la machine est susceptible d'être employée un jour comme banc de montage vidéo ? C'est le raisonnement que je conteste, expérience à l'appui.
C'est en fait à l'inverse qu'il faut raisonner. Si vous montez toute la journée des vidéos ou votre métier implique le traitement d'images en haute définition, vous avez sûrement déjà quelque chose comme un Core i5 ou un Phenom X4. Mais si vous ne savez pas bien, c'est que vous serez sûrement satisfaits par quelque chose de plus simple et de moins cher à l'achat et en consommation électrique.
Des processeurs de serveurs
Les processeurs de PC sont des déclinaisons simplifiées de puces conçues pour des serveurs pour lesquels la priorité est la rapidité de traitement. Même en version allégée et bardée de techniques de gestion de l'énergie, une telle architecture est sur-dimensionnée sur un ordinateur personnel. Lorsqu'ils travaillent, les processeurs récents ont un très bon rapport Puissance de calcul / Puissance électrique consommée. Mais leur taux d'occupation est extrêmement faible. Ils passent leur temps à attendre. Même si le PC ne fait rien, il pompe du jus et ce d'autant plus qu'il est (potentiellement) puissant: 70 Watts pour un petit, 150 Watts pour un gros. Ce valeurs peuvent doubler lorsque la machine est à pleine charge.
Longtemps, on n'a pas eu d'autre choix que de s'équiper avec ces bécanes énergivores. Et puis sont venus les puces conçues pour des portables légers (les Netbooks), les appareils mobiles de lecture multimédia. On a eu le VIA C3, puis Atom d'Intel, AMD E-350 et les Tegra. Atom est un CPU à exécution dans l'ordre, E-350 tend à fusionner le CPU et le GPU, Tegra est construit avec l'architecture ARM, conjuguant RISC et faible consommation. Ces appareils demandent 20 à 35 Watts à pleins tubes. Pas de doute, c'est pas du big iron.
Aujourd'hui, il existe de petites cartes mères bon marché au format mini-ITX, avec un processeur intégré Intel Atom (http://www.mini-itx.com/store/?c=47) ou AMD E-350 (http://www.mini-itx.com/store/?c=69). Vous rajoutez de la mémoire (2 Go ou plus), un disque, une alimentation de faible puissance (http://www.ldlc.com/fiche/PB00052307.html) et vous aurez la base d'un PC à moins de 300 €.
Asus AT3IONT-I
Il y a deux ans, j'ai assemblé une petite machine autour d'une Asus AT3IONT-I, avec un Atom 330 et un jeu de composants Nvidia ION. Sans surprise, elle est silencieuse (refroidissement passif), économe (23 Watts au repos) et tient dans une jolie petite boîte. Alors, que vaut-elle pour faire tourner les logiciels ?
J'utilise un Debian GNU/Linux 64 bits en version de test, en principe peu optimisée. Le démarrage est un peu lent ~1 minute. L'utilisation de Gnome 3 est très fluide, sauf le premier affichage des icônes de lanceurs d'applications dans le mode Activités. Un navigateur avec toujours plus de dix onglets dont quelques services en AJAX, un lecteur de courrier, un traitement de texte fonctionnent simultanément sans a-coups et occupent avec le système ~750 Mo de RAM. La lecture de fichiers multimédias est fluide, comme le constate Hot Hardware (http://hothardware.com/Reviews/NVIDIA-Ion-Reference-PC-Platform-Performance-Deep-Dive-/?page=3). Pour un usage quotidien, plus n'est pas mieux.
Si on s'en tenait aux bancs test, on pourrait en revanche s'inquiéter pour les gros travaux d'image ou de vidéo. Comparé à un Core i7 2730QM@2 Ghz, l'écart va de un à cent pour le score CPU Mark (http://www.cpubenchmark.net/cpu.php?cpu=Intel+Atom+330+%40+1.60GHz) !
Le RAW du D800 à 36 Millions de pixels
Dans mon expérience, je n'ai jamais pesté contre la lenteur supposée de ma machine. Je travaille régulièrement avec des images RAW de 14 Mo et il m'arrive de créer des vidéos en 720p / 480p destinées au web. En fait, ces logiciels diffèrent les traitements lourds lors de l'enregistrement du fichier tandis que le travail d'édition reste interactif. RawTherapee, l'éditeur RAW, peut regrouper l'enregistrement de plusieurs fichiers après que l'utilisateur a fini son travail. Par curiosité, j'ai essayé sur un fichier RAW du nouveau Nikon D800 une série de réglages moyennement lourds. Le temps de traitement pour un fichier de 51 Mo est de 9 minutes 15 secondes. Il donne un fichier TIFF de 110 Mo. Cinq fichiers à l'heure, c'est très insuffisant pour faire du flux. Mais pour un amateur ou un paysagiste méticuleux, c'est encore honorable. Attention, certains réglages dans RT peuvent augmenter beaucoup le temps de calcul mais ils ne sont pas d'un usage systématique.
A l'avenir, je crois que le poste de travail personnel, va davantage subir les retombées des progrès réalisés sur les appareils mobiles. La fusion CPU+GPU est prometteuse. Côté logiciel, on peut penser que les traitements d'image ou vidéo seront réalisés d'ici peu par les GPU OpenCL ou CUDA, avec des temps de calcul drastiquement réduits.
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