Citroën C-Zéro, Cloud computing, Google, Vélib' ...
Quel rapport entre ces termes ? Une voiture électrique commercialisée en location, des infrastructures informatiques mobilisées à la demande, des services en ligne en perpétuelle transformation, un vélo virtuel toujours disponible ? Leurs utilisateurs ne les possèdent pas, ils en achètent l'usage momentané. La tendance n'est pas nouvelle. Elle a été très bien décrite par Jeremy Rifkin en 2000, dans son Âge de l'accès (traduction aux éditions La Découverte). Il y a dix ans, on pouvait déjà constater l'essor du modèle locatif. Des entreprises vendent leurs immeubles pour les louer ensuite, suivant leurs besoins. Des vendeurs de climatiseurs se muent en prestataires de confort climatique. La logique n'est pas seulement comptable et à court terme mais aussi économique, voire écologique. Le vendeur n'est plus tenté de fourguer le produit le plus cher (gros) mais le plus adapté et le plus fiable, puisque la location est tout compris. Avec les produits sus-cités, ça concerne encore plus de monde. À condition de bien gérer ses parcours, le vélo urbain est à 30 € par an. Est-ce cher ? Peut-être un vieux biclou rouillé revient à moins, mais celui-là personne ne l'utilise. Les centres de données récents sont des usines rationalisées, faites pour obtenir le coût le plus bas. Tout y concours : la conception de l'alimentation électrique, le refroidissement, la construction des machines, les architectures logicielles. J'ai entendu des DSI en convenir : "le service produit en interne ne peut pas s'aligner sur ces prix". Cette rationalité économique, l'automobiliste peut en faire l'expérience avec la location. Les voitures électriques de Citroën (C-Zéro) et Peugeot (Ion) coûteront respectivement 460 et 500 € par mois, sans l'entretien pour la première. Une petite voiture thermique coûte environ 400 € par mois sur sa durée de vie. La Ion et la C-Zéro peuvent parcourir jusqu'à 150 km avec un "plein" de 2 € d'électricité. Pas sûr cependant que la possession d'une voiture soit quelque chose d'accessible à la raison.
Rifkin n'est pas un optimiste béat. Dans le nouvel âge, toutes les expériences de la vie sont susceptibles d'être transformées en marchandises. Le marché tendrait à absorber la culture, la société. Et les entreprises qui contrôlent l'accès, les gatekeepers, les nouveaux brokers culturels, ont une puissance peut-être jamais vue.
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